REVUE DE PRESSE - ARBITRAGE

[DNA] : A couper le sifflet

Mercredi 18 août 2010

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Séverine Zinck (à droite) vient de gravir un échelon dans l'échelle de l'arbitrage. Le championnat National l'attend.

[Photo archives DNA - Laurent Réa]

Séverine Zinck, originaire de Mothern, est la première femme à pouvoir arbitrer des matches de National. Ses grands débuts sont attendus pour le mois de septembre.

C'est une histoire qui a commencé par un malentendu. Le 9 juin, les résultats du concours d'arbitrage de « fédérale 3 » tombent, et Séverine Zinck est recalée pour une petite place. Huitième, alors qu'il n'y a que sept places.

L'Alsacienne, très déçue, finit par se faire une raison. Puis fin juillet, elle reçoit un coup de fil improbable : il y a eu une erreur administrative, elle est en fait admise ! « Le fait de l'apprendre un mois plus tard, ça fait une drôle de sensation », admet l'intéressée.

« Sur un coup de tête »

Séverine Zinck devrait prochaînement être la première « femme en noir » à fouler les pelouses de National. Elle pourra également être quatrième arbitre en Ligue 1. Mais concrètement, Séverine ne pourra pas officier avant le mois de septembre. Du fait de sa promotion tardive, elle a manqué le stage obligatoire des arbitres. La session suivante étant à la fin du mois, elle sera prête début septembre. « D'ici-là, entraînement physique intensif ! ». Son mois de septembre sera aussi marqué par un séjour en Bosnie, où elle sera au sifflet pour le championnat d'Europe des moins de 19 ans.

Bien qu'elle n'ait jamais pratiqué le football, Séverine s'y intéresse très jeune. Elle suivait assidûment les résultats du Racing club de Strasbourg et de l'équipe de sa ville, le FC Mothern. Elle trouve sa vocation « sur un coup de tête » : à 18 ans, alors qu'elle sort d'un match, elle décide de se lancer dans l'arbitrage. Deux semaines plus tard, elle commence les stages de préparation. « Je n'ai pas eu trop le temps de réfléchir à ma décision, avoue t-elle. Ca s'est fait comme ça, presque naturellement ». Depuis, son petit frère Aurélien a suivi la même voie.

Les joueurs ont plus de retenue

A en croire Bernard Tournegros, le président du comité régional d'arbitrage de la ligue d'Alsace, le parcours de la jeune femme de 31 ans est avant tout dû à son tempérament. « Elle est ambitieuse, c'est une fille qui en veut toujours. Elle ne se décourage jamais, c'est ce qui fait sa force. »

Pour assurer au mieux sa saison en National, celle qui est professeure des écoles dans le civil travaille désormais à mi-temps. Elle effectue des remplacements dans des écoles primaires, ce qui lui permet d'avoir un emploi du temps flexible.

Etre une des rares femmes dans un milieu très masculin constitue à n'en pas douter un défi. Mais jusqu'à présent, il n'y a jamais eu d'incidents à déplorer. L'Alsacienne estime même qu'être une femme peut être un avantage : « Les joueurs ont plus de retenue, le contact passe très bien. Il y en a même beaucoup qui viennent me saluer après les matchs, ce qu'ils ne font jamais avec les hommes. » Bernard Tournegros renchérit : « J'incite ceux qui douteraient d'elle à aller la voir arbitrer ! »

Les supporteurs sont en général les premiers surpris lorsqu'ils voient une femme arbitre centrale. Mais ils vont devoir s'y habituer, car l'Alsacienne, qui a rapidement gravi les échelons de l'arbitrage, ne compte pas s'arrêter en si bon chemin. « J'essaierai d'aller le plus loin possible, c'est certain, tonne t-elle. Je ne pensais pas être à ce niveau lorsque j'ai commencé à arbitrer il y a plus de dix ans, mais je peux encore progresser ! »

Joseph Gaulier // Dernières Nouvelles d'Alsace du mercredi 18 août 2010 // 1781 lectures