LES JOURNEES DE L'ARBITRAGE
Séverine, 4e sifflet à la Meinau
Vendredi 6 octobre 2006
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Séverine Zinck sera à la Meinau ce soir pour Racing - OM, en tant que quatrième arbitre.
[Photo TopImagePresse]
Elle a 27 ans et elle exerce sa passion depuis 9 saisons. Séverine Zinck sera à la Meinau ce soir pour Racing - OM, en tant que quatrième arbitre.
Il reste encore des hommes pour s'étonner de sa présence, un sifflet dans la main, des cartons (jaune et rouge) plein les poches. « En Alsace, désormais, on a l'habitude de me voir, semble-t-elle sourire. Mais c'est vrai qu'il m'arrive encore d'aller dans des endroits où les gens semblent très surpris de voir une femme venir arbitrer, comme arbitre de centre surtout. »
Et c'était encore le cas, dimanche dernier, lorsqu'elle s'était déplacée à Reims, arbitrer la réserve champenoise face à Armentières en CFA 2. « Une fois que le match commence, tout va mieux. Je crois même que les joueurs ont plus de mal à contester une décision venant d'une femme », rapporte-t-elle.
« Je veux savoir jusqu'où je peux aller »
Sa passion lui vient de l'époque où, tous les dimanches, elle allait voir jouer les gars de son village. « J'assistais avec mes parents aux matches de Mothern. C'est comme ça que, petit à petit, j'ai eu l'idée de devenir arbitre. J'avais dix-huit ans, et j'avais dépassé l'âge de jouer. »
Elle apprendra par coeur les règles du jeu, chaussera les crampons sans taper dans le ballon, et progressera régulièrement dans la hiérarchie. « C'est ce qui me pousse encore à continuer. Je veux savoir jusqu'où je peux aller », reprend Séverine.
Pour l'instant donc, elle peut arbitrer des rencontres de Division d'honneur en Alsace, des matches de D1 Nationale Féminine. « En avril, je vais passer la partie théorique pour être arbitre de centre en CFA et en CFA 2. En fait, j'en arbitre déjà car cela fait partie de ma formation pratique. »
Dans ce monde d'hommes, où les femmes sont de plus en plus nombreuses et de moins en moins timides, Séverine Zinck, institutrice de profession, a fait sa place.
« Nous sommes une vingtaine à exercer en Alsace. On a parfois droit à des réflexions déplacées, mais plus de la part du public que des joueurs ou des entraîneurs. On en souffre au début, mais on apprend à ne plus les entendre.
Quatrième arbitre à La Meinau ce samedi
Elle se veut irréprochable, s'entraîne trois fois par semaine, répond aux critères masculins de sélection, « pour arrêter de faire des différences », sans en rajouter. « On demande aux filles de parcourir 2 450m en 12' contre 2 600m pour les garçons. Alors, j'en parcours 2 800 en espérant faire plus la prochaine fois. »
Elle a des semaines interminables, après l'enseignement qu'elle donne aux enfants. Il y a quinze jours, elle était à Nantes pour des tests FIFA, ce mercredi soir elle assistait à une réunion des arbitres de son secteur, elle est membre de la Commission Régionale des Arbitres et... elle arbitre une quarantaine de rencontres par saison. « Le 15, je me rends à Juvisy en D1 féminine. »
Et, ce soir, elle sera à la Meinau comme quatrième arbitre, « une fierté » comme elle le souffle.
« On a besoin d'aide »
Sur les journées de l'arbitrage, elle a ses mots à dire. « On a besoin d'aide. On est montré du doigt, mais notre rôle serait simplifié si les joueurs ne trichaient pas ou connaissaient le règlement. Il m'arrive de passer à côté d'un match. Tout le monde commet des erreurs. J'ai l'impression que certains pensent que nous ne les assumons pas. Pour progresser, il faut retenir les leçons de ses erreurs », dit-elle avant de reprendre.
« Mais c'est surtout difficile pour les arbitres qui n'ont pas d'assistants ou pour les jeunes. Au bout d'une année de pratique, beaucoup d'entre-eux sont écoeurés. Et l'environnement, plus que les joueurs, devient préjudiciable. »
En disant cela, elle pense sûrement à Aurélien, son jeune frère. « Il a 15 ans et il va siffler. Il lui faudra du courage. »
Jean-Christophe Pasqua // © Dernières Nouvelles d'Alsace - Édition du Ven 6 oct. 2006 // 1573 lectures