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[Alsace Foot] : Les Alsaciens et leurs deux internationales
Jeudi 5 mai 2005
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Séverine Zinck a arbitré la rencontre entre l’équipe de France et le Canada.
[Photo lafa.fff.fr]
Dans le France-Canada de la semaine dernière à Bischheim, Séverine Zinck et Marilou Duringer étaient les deux régionales de l’étape. L’une pour un jour, l’autre depuis toujours.
Elles sont françaises, même alsaciennes mais ne faisaient pas partie de l’effectif retenu par Élisabeth Loisel, la sélectionneuse de l’Équipe de France. Elles ont pourtant eu toutes deux, le privilège de vivre très près des Bleues, le match qu’elles ont disputé mercredi dernier à Bischheim, dans un parc des sports où des milliers d’autres Alsaciens devaient se contenter d’une vue lointaine depuis la tribune.
« Un match comme un autre »
Le temps de 90 minutes, les destins de Marilou Duringer et de Séverine Zinck se sont croisés. L’une parce qu’elle suit l’équipe de France depuis de longues années, en qualité de chef de la délégation depuis de longues années, l’autre parce qu’elle avait été contactée, une semaine avant par son désignateur pour arbitrer le duel entre les Françaises et les Canadiennes.
Une deuxième expérience internationale pour Séverine, donc, cette Haguenauvienne de 26 ans, qui, il y a trois semaines, à Belfort, avait déjà été appelée à officier pour une rencontre opposant cette fois, les bleuettes en 19 ans, à leurs homologues hollandaises. Elle avait alors disséqué la prestation de l’arbitre lors du match des aînées qui avait suivi, mais n’avait pas imaginé se trouver à sa place dans la quinzaine qui suivrait. «En plus dans ma Ligue, c’était inespéré. Le meilleur moment ça a été quand on m’a annoncé que j’étais retenue», se souvient la jeune femme qui, il n’y a pas dix mois, commençait seulement à arbitrer en première division française.
Marilou, pionnière en Alsace
Une fois sur la pelouse, Séverine s’est contentée de faire le boulot. Comme d’habitude, sans se soucier de l’environnement particulier dans lequel elle venait de se plonger. «C’est un match comme un autre. Sauf qu’il y a des stars, Marinette Pichon entre autre, qui est une super joueuse, mais à part ça, ça ne change pas grand-chose», assure t-elle avant de nuancer. «Bon, c’est sûr, il y a bien quelques frissons. Au moment des hymnes surtout, c’est particulier».
Un contexte auquel Marilou Duringer -qu’on surprend d’abord au bord de la touche en tenue avant de la retrouver tout en haut des gradins à discuter avec Marc Keller et Gilbert Schneider, le président de la LAFA — a fini par se faire. Vingt ans qu’elle gravite autour de cette équipe de France, ça repousse à loin ses débuts dans l’univers tricolore. Et encore, à bien plus loin ses premiers pas dans le football dont elle fut l’une des pionnières en 1965, lorsqu’en Alsace, «le football était exclusivement un sport d’homme sans championnat pour les femmes».
Aujourd’hui, regardant vers Lattaf et autres jeunettes de la bande à Loisel, elle note «la différence de regard» que l’on porte à un foot féminin devenu «intéressant, intelligent, agréable à regarder». En quarante ans, elle a vu, en quelque sorte son petit bébé partir de rien pour drainer aujourd’hui quelques 50000 licenciées (dont 1200 environ en Alsace). La «madame foot» de la fédération parle même de l’idée d’un fan club «en gestation» décliné à l’image de celui des garçons.
Elle ne devrait plus faire partie des cadres lorsque ça se fera. A 57 ans, elle annonce déjà, que «ce sera son dernier mandat». «Vivre en tant que femme dans un milieu d’homme, c’est plus fatiguant», affirme t-elle. Une idée à laquelle Séverine Zinck ne s’est pas encore résolue, Elle, qui à la fin du match, buvait encore les conseils de Georges Konrath, ancien arbitre fédéral. Elle, n’aspire qu’à une chose. En redemander.
Maxime Debs // Exclusivité fcmothern.com // 1551 lectures