REVUE DE PRESSE

[DNA] : Le passeur de valeurs

Vendredi 17 juin 2011

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Franck Joerger (à droite) et Oberlauterbach-Eberbach s’apprêtent à disputer leur deuxième finale de Coupe d’Alsace consécutive.

[Photo DNA – Jean-François Badias]

A quelques jours de la finale de la Coupe d'Alsace US Oberlauterbach - AS Illzach-Modenheim, les Dernières Nouvelles d'Alsace se sont intéréssés au cas de Franck Joerger, l'ancien joueur du FC Mothern. Récit.

Il y a une chose que Franck Joerger apprécie plus que tout, « c’est de voir le sourire se dessiner sur les visages » de ses dirigeants comme l’autre jour quand l’USOE avait éliminé les stagiaires du Racing en demi-finale de la compétition.

« Ils sont là pour nous au quotidien. Alors, il faut être à la hauteur. Quand j’étais gamin, il y avait toujours quelqu’un pour nous emmener au stade le samedi après-midi et je m’en souviens. Aujourd’hui, c’est à nous de nous occuper de l’avenir pour qu’un jour un gamin se souvienne de nous. C’est comme ça qu’un club comme le nôtre peut continuer à exister. »

«Il y a une spécificité dans l’Alsace du nord»

Celui qui n’a jamais quitté ce coin d’Alsace, débutant comme gardien de but à Neewiller/Lauterbourg, avait ensuite rejoint Mothern en entente avec… Oberlauterbach à 13 ans, devenant alors défenseur central.

« Il y avait cinq villages qui jouaient en entente grâce aux efforts d’Alain Schucke qui est au début de toute l’aventure. On était monté en 18 ans DH avec les Olivier Muller, Fabien Herr, Julien Geyer, etc. Notre fierté, c’est que 90 % de l’équipe actuelle est issue des équipes de jeunes. Et nous nous impliquons tous dans la vie du club. À mes yeux, c’est normal », dit-il avant de sourire.

« Parfois, je me dis que nous ne vivons pas dans le même monde que pas mal de footballeurs. Il y a une spécificité dans l’Alsace du nord. Il suffit de regarder les gars de Steinseltz qui, eux aussi, sont attachés à leur maillot. »

Donc, Franck Joerger est membre du comité de l’USOE, chargé de faire le lien entre les joueurs et les dirigeants, mais il est surtout responsable du planning des joueurs quand ceux-ci sont sollicités « pour aider lorsqu’une fête est organisée. Cela arrive cinq ou six fois dans la saison, même les veilles de match ».

Dans cette équipe, « où les regards suffisent pour se faire comprendre », et où les uns sont les témoins de mariage des autres, le défenseur est également responsable de l’équipe II des U13. « Plus de la moitié des joueurs de l’équipe s’occupe des gamins de l’Entente. »

Pour dire un peu plus son attachement à ce maillot, il n’a pas grincé des dents quand Fabrice Muller l’avait replacé sur le côté droit de la défense comme il n’avait pas hésité le 19 mai dernier – un jeudi soir – à faire 165 kilomètres pour rallier Geispolsheim et y disputer le quart de finale.

« J’étais toute la journée à Stuttgart en déplacement professionnel, dit-il avant de sourire. Si j’ai eu droit à deux superbes orages sur la route, je me suis qualifié le soir sur le terrain. Il y a trois saisons, j’ai aussi perdu quelques kilos pour aller moins lentement. »

Ainsi chemine Franck Joerger, « heureux d’être depuis six ans dans un club où les valeurs se transmettent », lui qui avait effectué sa première année de senior avec le FC Mothern, autre club familial, avant de rejoindre ses copains d’adolescence.

« Nos grands-pères ont créé ce club, nos pères ont repris le flambeau. Aujourd’hui, c’est notre tour. Notre fierté vient de là : redonner un jour ce que les anciens nous ont donné. »

Sans se prendre au sérieux, l’US Oberlauterbach-Eberbach, club de foot aux deux villages (800 habitants au total), qui a conservé sa place en DH en jouant tous ses matches à domicile à… Lauterbourg, est en passe de devenir un fief du football alsacien.

«Nous représentons davantage que nos deux villages»

Ce dimanche, il a l’occasion de marquer l’histoire « à condition de soulever la Coupe », comme le souffle Franck Joerger qui voudra terminer la rencontre « sans frustration, pas comme la saison passée » quand le RC Strasbourg II s’était imposé dans le temps additionnel (1-0).

« On ne va rien lâcher. Avec des joueurs comme Sébastien Kraemer, on n’en a pas le droit. Je ne souhaite à personne de l’avoir sur le dos », rigole-t-il.

Tout le peuple orange sera présent à Betschdorf. « Ce qui est bon, c’est que nous sentons que nous représentons davantage que nos deux villages, mais tous ceux du secteur. On a l’allure d’une sélection. » Les valeurs de la terre en plus…

Jean-Christophe Pasqua // Dernières Nouvelles d'Alsace du vendredi 17 juin 2011 // 1592 lectures